DUMAS Alexandre père – Manuscrit autographe signé

DUMAS Alexandre (père)  (1802 – 1870). Ecrivain et dramaturge français

DUMAS Alexandre – Manuscrit autographe signé

Description

Manuscrit autographe signé intitulé « La Commission du Brigandage». (fin 1862) ; 6 pages ½  in-4° sur feuillets simples

Manuscrit de travail raturé, biffé avec surcharges et ajouts destiné à être publié dans un des deux journaux que dirige Dumas l’Indepediente ou le Monte-Cristo à l’époque de sa présence à Naples entre 1861 et 1864.

A travers les notions de liberté, égalité et fraternité Dumas explique les causes de la misère du peuple Napolitain et les remèdes pour le relever.

« (…)  Naples est un peuple enfant dont l’éducation est à faire. Il faut lui apprendre ce que c’est que la liberté dont il n’a jamais joui – Ce que c’est l’égalité qu’il ne comprend pas ce c’est que la fraternité qu’il ignore. La liberté – on ne peut sereinement appeler ainsi ni la période de 1647 ni celle de 1799 ni celle de 1806 (…) Les Napolitains n’ont pas été éclairés ils ont été exploités ». Dumas développe les notions de liberté, égalité et fraternité : « Donnons la triple définition des mots liberté, égalité, fraternité qui manquent complètement à l’éducation napolitaine (…) La liberté qu’il ne faut pas confondre avec l’indépendance attendu que l’indépendance est la plus grande ennemie de la liberté. La liberté est l’abandon que chaque individu fait d’une partie de ses droits pour en faire un fonds général qu’on appelle la loi. La loi c’est la protection pour quiconque marche dans le sens de la sureté et concourt à son équilibre général c’est la punition que quiconque entrave cette marche et nuit à son acte phisique et moral. Dumas rappelle que le peuple napolitain est loin de remplir les principes de liberté, égalité et fraternité et en explique les raisons: « Or rien n’est point connu à Naples que la loi dans le sens que nous venons de dire – parce que chacun s’y est toujours occupé de l’indépendance individuelle et que nul ne s’est jamais préoccupé de la liberté de tous. Et cela parce que il n y a jamais eu à Naples d’égalité (…) attendu que le faible y a toujours été l’esclave du fort et du puissant. Que le faible foulé au pied par le fort et le puissant n’a jamais eu confiance dans la loi pour lui faire justice – Sachant que les organes de cette loi étaient esclaves et tremblaient comme lui devant la puissance et la force – alors le faible au lieu de la vengeance sociale qu’il avait droit d’attendre et qui lui était refusé – le faible a eu recours à la vengeance (…) Puis le peuple s’est habitué peu à peu (…) sachant qu’il ne pouvait atteindre à l’éducation voyant l’éducation méprisée  (…) Il a du travailler ne rapportant ni honneur ni profit (…) Pour Dumas il est nécessaire « d’ extirper de Naples (…) le brigandage » Car à Naples « il faut le dire la fraternité de la France de l’Allemagne de la haut Italie de tous les pays libres et civilisés enfin est remplacée par la plus complète indifférence. Dumas donne des exemples et  constate : « jusqu’en 1860 – ni liberté – ni égalité – ni fraternité ». « Nous avons donné la liberté aux Napolitains qu’ils en profitent. C’est comme si vous aviez donné un livre à un enfant qui ne sait pas lire une paire de lunettes à un aveugle » Mais si ces derniers ne veulent pas apprendre à lire ou à être guéri alors : « Comme les enfants il faut forcer les peuples à être instruits » et sévir s’il le faut. Mais « Naples n’est pas un pays que l’on mène à la persuasion par le raisonnement » Dumas reconnait que le crime a diminué mais à l’évidence « ce qu’il faut à Naples on ne saurait trop le répéter ce n’est pas une main douce et caressante c’est une main ferme et juste » car « Naples comprend qu’elle a toute une éducation non pas à refaire – mais à faire et que dans sa paresse et son insouciance elle aime mieux rester ignorante et corrompue que de s’élancer au niveau des autres nations. Non ce n’est pas la foi dans l’unité italienne qui manque à Naples. C’est le courage de se rendre digne de cette unité. Ce courage il faut le lui donner fut ce malgré elle. En la forçant de voir la différence qu’il y a aussi bien dans la punition que dans la récompense entre un gouvernement libre intègre progressif et un gouvernement des pratiques vénales, ténébreux »