Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS – Manuscrit signé

BEAUMARCHAIS Pierre-Augustin Caron de (Paris 1732 – Paris 1799), écrivain, dramaturge et homme d’affaires français

Description

Pièce signée avec apostille autographe intitulé « Vente de maison jardin hotellerie et dépendance sis à Pantin par M. Caron de Beaumarchais à M. L’abbé de Bellefonds ». Paris, 20 août 1773 ; cahier relié de 8 pages in-folio.

Contrat de vente entre Beaumarchais et l’abbé Jacques Mathieu Marquet de Villefonds. Beaumarchais, ruiné, vent sa propriété de Pantin, hérité de sa femme Madeleine Wattebled : Vente d’une maison à Pantin propriété de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais « Ecuyer Conseiller Secrétaire du Roy maison couronne de France, Contrôleur en la Chancellerie du Palais de Paris Lieutenant Général au Baillage et Capitainerie Royalle des Chasses de la Varenne du Louvre Grande Vennerie et Fauconnerie de France demeurant à Paris rue de Condé (…) », à l’abbé « Jacques Mathieu Marquet de Villefonds devant ministre du Roy auprès de la république de Venise abbé commandataire de l’abbaye royalle de Bonnefont , Premier Commandataire du Prieuré (…) ». Caron de Beaumarchais « reconnait avoir par les présentes vendu ceddé et délaissé des maintenant et à toujours et promet garantie de tous troubles, douaires, dettes et hipotheques, évictions, substitutions alienatoires et autres empechements générallement quelconques au dit sieur Abbé De Villefonds (…)» d’une «grande maison sise à Pantin près l’église paroissiale avec touttes les constructions et embellissements de jardin en dépendant entourré de murs, grilles et portes de fer, bosquets en treillages, un grand pavillon dans le fond avec un belvedere ensemble la maison attenant la grande appellée l’hôtellerie de la Basse Cour pour tenue à loyer par le S. Duntier maitre patissier, ainsi que le tout se poursuit et comporte sans aucune exception et en l’état ou ces maisons et jardins se trouvent maintenant », avec tous ses meubles meublants de la « maison, les status, les vases, caisses, arbustes et ustancils qui sont tant dans le jardin que dans les serres et batiments avec touttes les glaces qui sont en place tant dans la grande maison que dans les salles du pavillon du fond du jardin et tel que le mobilier se trouve placé dans les lieux auxquels il est destiné et qui se trouve plus particulièrement désigné en un procès verbal de saisie au trente avril dernier à la requete de Mes Rougemont Frères banquiers de Paris » dont la copie a été remise à l’abbé de Villefonds qui reconnait avoir « tout vu et visité et en être content à l’exeption faittes par le De De Beamarchais du vin, des liqueurs, du linge de touttes espèces, des établys démailleurs et metteurs en œuvre avec leurs soufflets, un soufflet deforge, un grand étau, un banc a tirer de l’or ou filiere, tous les ustancils de Chimie, un tour en sable, un presse une porte chartière et de touttes les figures de terres cuittes qui sont dans le sallon et dans les cabinet que moy Dé(nommé) De Beaumarchais ferai enlever quand bon me semblera (…) ». Cette propriété appartenant à Beaumarchais «comme donataire mutuel de feue Geneviève Madeleine Wattebled (décédée le 20 novembre 1770) épouse au paravant veuve en première noces et sans enfants du S. Antoine Angélique Levesque Garde magazin Général des menus plaisirs et affaire de la Chambre du Roy (…) » et  «de la quelle donnation De Beaumarchais a entièrement recueilli au moyen du décès d’Auguste Caron son fils décédé en minorité peu de temps après sa mère dont il était le seul enfant unique héritier (Augustin mort en octobre 1772), (…) ». Par conséquent «cette vente est ainsi faitte, a legard de la grande maison, jardin et hotellerie et sont ce qui est réputé immobilier moyennant le prix et somme de trente cinq mille livres. Et a légard du mobilier ou de ce qui est réputé et moyennent le prix et somme de quatorze mille livres ce qui revient au total à la somme de quarante neuf mille livres (…) ». En conclusion, «Cette vente est œuvre faitte aux charges clause et conditions suivantes 1° Que moy acquereur serai tenu des cens et rentes dont les biens vendus peuvent être chargés et tenus quoique non exprimés en ces présentes. 2° Sons les droits de ventes et centième denier aux quels ces présentes donneront ouverture. 3° Que moy acquereur abandonne et laisserai enlever le petit pavillon en bois avec un mauvais tour le tout de valeur convenue de deux cent livres et sans diminution du prix cy dessus. 4° Nous convenons ensemble que ces présentes ne seront rédigées en acte public et pardevant notaire que dans dix mois au jour pendant les quels le Dé(nommé) De Baumarchais obtiendra sil est possible la main levée de la saisie réelle, sans pouvoir par l’acquéreur consigner le prix de la présente vente qui ne soit ordonné contradictoirement avec De Beaumarchais qui sera personnellement tenu de tous droits de consignations (…) ». 5° Qu’attendu que moy acquereur me propose de vendre l’Hotellerie et le Pavillon Denbas avec portion de jardin le dé(nommé) De Beaumarchais sera tenu pour éviter l’anticipation des droits faveurs réquisition (…) d’en signer les contrats de ventes aux acquéreurs, que je lui indiquerai a la charge par moi de Villefonds d’en déposer ou faire déposer les prix  (…). 6 ° Qu’au cas de poursuite de la saisie réelle moy l’abbé de Villefonds serai tenu d’intervenir à mes frais et sans répétitions contre le S. De Beaumarchais, à effet de quoi je pourrai prendre les conclusions que bon le semblera pour faire confirmer une propriété ou pour me rendre. 7° A la garantie du prix de la présente vente et a touttes les charges, clauses et conditions les maison jardin hotellerie et meubles et effets mobiliers demeurent par privilège expressement réservé affectés obligés et hipotéqués comme condition essentielle et en outre moy De Bellefonds y a affecté obligé et hipotèque tous mes biens meubles et immeubles présents et à venir et ce sans que l’une des obligations déroge à l’autre (…) ».

L’acte de vente est ainsi signé et approuvé par Caron de Beaumarchais et l’abbé de Villefonds, le 20 août 1773.

La vente de la maison de Pantin se situe au moment où Beaumarchais se retrouve ruiné suite à la perte de son procès contre le comte Alexandre Falcoz de La Blâche, héritier du financier Joseph Paris-Duverney avec qui Beaumarchais était associé. Le testament de Paris-Duverney joue en faveur de Beaumarchais, le comte de La Blâche désigné légataire universel, conteste ces dispositions. Aucun accord étant trouvé entre les partis, s’ouvre un procès retentissant, Beaumarchais emporte la première instance. En mai 1773, Louis-Valentin Goëzman de Thurn, criminaliste, est nommé rapporteur. Beaumarchais craignant un nouveau procès en sa défaveur soudoie l’épouse de ce dernier. Le 6 avril, Goëzman rend un avis défavorable accusant Beaumarchais de faux en écriture qui se retrouve isolé au bord de la ruine.