Robert NIVELLE (général) – Lettre autographe signée – Première guerre mondiale

Robert NIVELLE (1856 – 1924), militaire français, généralissime et commandant en chef des armées françaises pendant la première guerre mondiale. A la fin de février 1917, une date est fixée pour le mois d’avril quant au choix d’une attaque conjointe avec les troupes britanniques sur le front entre Vimy et Reims. Décidant d’une attaque éclaire, son plan d’offensive s’ébruite aux oreilles des allemands qui se préparent à accueillir les 12 divisions françaises qui passent à l’offensive le 16 avril. Cette bataille du chemin des dames est un cuisant échec avec d’importante pertes humaines.

Description

Lettre autographe signée titrée « Secrète et Personnelle » au Maréchal britannique Sir Douglas Haig. 4 avril 1917 ; 3 pages 1/4 in-folio sur papier en-tête du Grand Quartier Général des Armées du Nord et du Nord-Est

Lettre de portée historique du général Robert Nivelle, commandant-en-chef des armées françaises de décembre 1916 à mai 1917, au maréchal Sir Douglas Haig, concernant la date de l’attaque britannique à Arras, première phase de l’offensive alliée du printemps 1917 que Nivelle avait préparée dans le but de percer le front allemand et gagner la guerre : « La persistance du mauvais temps ne nous permettra certainement pas de déclencher nos attaques à la date maintenant très rapprochée, que nous avions fixée. Si, dans une attaque puissante, préparée à fond de façon à ne rien laisser au hasard, les chances de succès approchent de la certitude, ces chances diminuent rapidement si la préparation est incomplète. Or l’état de l’atmosphère ne permet pas à l’action d’artillerie de se développer dans de bonnes conditions, l’état du terrain rendrait difficile les mouvements de l’infanterie, celui des routes et de toutes les voies de communication gêneraient les ravitaillements. Tous ces inconvénients se trouvent aggravés par le caractère de longue durée des opérations. Or nous ne voulons négliger aucune chance de succès. D’autre part, notre état de préparation sur tout le front nous permettrait de faire face et de répondre du tac au tac à toute attaque. Il n’y aurait donc, en l’état actuel, que des avantages à reculer la date des attaques jusqu’à ce que l’état de l’atmosphère et du sol permette de les entreprendre dans les meilleures conditions. Le meilleur procédé, pour tenir compte de la durée des préparations de la mise en place de l’infanterie d’attaque, consisterait à rester à J-3 jusqu’à nouvel ordre. (La date fixée pour la première attaque étant le 8, J-3 est le 5. Si le temps s’améliorait à partir du 10 par ex. et que l’ordre soit donné à cette date de continuer les préparations, il en résulterait qu’on resterait à J-3 du 5 au 10 inclus, J-2 serait le 11, J-1 le 12, J le 13.) J’ai l’honneur de vous demander si vous partagez ma manière de voir au sujet de la nécessité, en raison du mauvais temps, de remettre à une date ultérieure l’attaque qui devait avoir lieu le 8, et du procédé à employer pour fixer le nouveau jour J dès que le temps le permettra »

Simple colonel au début de la guerre, Nivelle est promu général en même temps que Pétain en octobre 1914. Il se distingue par son audace, mettant en déroute l’armée allemande à plusieurs reprises. Le 19 avril 1916, il remplace le général Pétain à Verdun, jugée pas assez offensif, à la tête de la IIe armée. Il se distingue dans la prise du fort de Douaumont et lors de la bataille de la Somme, bloquant l’offensive allemande au fort de Souville et ce malgré d’importante pertes humaines. Il est décoré de la plaque de grand officier de la légion d’honneur le 19 avril 1916. Assurant une victoire rapide, il est nommé commandant en chef des armées à la place du général Joffre, jugé trop statique, de son côté promu maréchal de France. Il veut mettre fin à la guerre d’usure des tranchés et plaide pour l’attaque brusquée. Le premier ministre Lloyd George accepte de mettre des troupes britanniques sous son commandement. Il doit cependant rendre des comptes à sa hiérarchie militaire et aux politiques impactant sa liberté de décision. A la fin de février 1917, une date est fixée pour le mois d’avril quant au choix d’une attaque conjointe avec les troupes britanniques sur le front entre Vimy et Reims. Mais l’armée allemande se replie. Nivelle décide alors de dissocier l’attaque anglaise de l’attaque française qui se centre sur le chemin des dames. Le 19 mars, le gouvernement Briand est remplacé par celui de Ribot qui prend pour ministre de la guerre Paul Painlevé, hostile à Nivelle. Décidant d’une attaque éclaire, son plan d’offensive s’ébruite aux oreilles des allemands qui se préparent à accueillir les 12 divisions françaises qui passent à l’offensive le 16 avril. Cette bataille du chemin des dames est un cuisant échec avec d’importante pertes humaines. Les mutineries s’enchaînent. Painlevé, soutenu en coulisse par Pétain, tous deux hostiles à Nivelle, saisit l’occasion pour le remplacer à la tête de l’armée française par ce dernier.