Georges BRASSENS – Chanson autographe – Les châteaux de sable

Georges BRASSENS (1921 – 1981), décède le 29 octobre 1981. Malgré la maladie qui le rongeait, il travaillait sans répit à de nouveaux textes en vue d’un dernier album. La mort ne lui en laissa pas le temps. Heureusement, Jean Bertola et Maxime le Forestier eurent à cœur de donner vie à ses nouvelles pépites de la poésie française.

Description

Manuscrit autographe de la chanson « Les châteaux de sable ». Jeudi 18/10/79 ; 1 page in-folio sur papier quadrillé comportant des trous de classeur en marge sans atteinte au texte.

Manuscrit retrouvé d’une des dernières chansons que Brassens n’a pas eu le temps d’enregistrer, daté du jeudi 18/10/79. La chanson fut mise en musique par Brassens et enregistrée, après sa mort, en 1984 par Jean Bertola et reprise en 1998 par Maxime Le Forestier. Manuscrit recopié, comme indiqué en rouge par Brassens, mais avec quelques modifications apportées dans les mots. Indication contextuelle en bas de page.

 

« Je chante la petite guerre

Des braves enfants de naguère

Qui sur la plage ont bataillé

Pour sauver un château de sable

Et ses remparts infranchissables

Qu’une vague allait balayer

 

J’en étais : l’arme à la bretelle

Retranchés dans la citadelle

De pied ferme nous attendions

Une cohorte sarrazine

Partie de la côte voisine

A l’assaut de notre bastion

 

A cent pas de là sur la dune

En attendant que la fortune

Des armes sourie aux vainqueurs

Languissant d’être courtisées

Nos promises, nos fiancées

Préparaient doucement leur cœur

 

Tout à coup l’Armada sauvage

Déferla sur notre rivage

Avec ses lances, ses pavois

Pour commettre force rapines

Et même enlever nos Sabines

Plus belles que les leurs cent fois

 

La mêlée fut digne d’Homère

Et la défaite bien amère

A l’ennemi pourtant nombreux

Qu’on battit à plate couture

Qui partit en déconfiture

En déroute en sauve-qui-peut

 

Oui cette horde de barbares

Que notre fureur désempare

Fit retraite avec ses vaisseaux

En n’emportant pour tous trophées

Moins que rien, deux balles crevées

Trois raquettes, quatre cerceaux

 

Après la victoire fameuse

En chantant l’air de Sambre et Meuse

Et de la Marseillaise ô gué

On vint chercher la récompense [on courut vers la récompense]

Que les demoiselles dispensent [que je joli sexe dispense]

Aux petits héros fatigués

 

Tandis que tout bas à l’oreille

De nos Fanny, de nos Mireille

On racontait notre saga

Qu’aux doigts on leur passait la bague

Surgit une espèce de vague

Que personne ne remarqua

 

Au demeurant ce n’était qu’une

Vague sans amplitude aucune

Une vaguelette égarée

Mais en atteignant au rivage

Elle causa plus de ravages [force ravage]

Et dégâts qu’un raz-de-marée

 

Du château rien n’est demeuré

Expéditive la traîtresse

Investit notre forteresse

La renversant la détruisant

Adieu donjon tours et courtines

Que quatre gouttes anodines

Avaient effacés en passant

 

A quelque temps de là nous sommes

Allés mener parmi les hommes

D’autres batailles (…) [biffé]

Partir mener d’autres campagnes

Où les châteaux sont plus d’Espagne

Et de sable qu’auparavant

 

Quand je vois lutter sur la plage

Des soldats à la fleur de l’âge

Je ne les décourage pas

Quoique je sache, ayant naguère

Livré moi-même cette guerre

L’issue fatale du combat

 

Je sais que malgré leur défense

Leur campagne est perdue d’avance

Mais je les laisse batailler

Pour sauver un château de sable

Et ses remparts infranchissables

Qu’une vague va balayer »

 

« (…) peut être ne pas parler des filles avant la mêlée leur défaite est réglée d’avance jeudi 18/10/79 »