Jean COCTEAU – Lettre autographe signée avec dessin

Jean Cocteau (1889-1963), a durant toute sa vie été possédé par le mythe d’Orphée qu’il transcrivit aussi bien dans ses dessins, que dans la poésie, le théâtre et le cinéma. C’est en 1950 qu’il réalise le film Orphée avec dans le rôle éponyme Jean Marais, Dermit, et Maria Casarès, la princesse symbolisant la mort d’Orphée

Description

Lettre autographe signée avec dessins à Philippe Derome. (Saint-Jean Cap-Ferrat), 6 septembre 1958 ; 1 page in-4° sur papier en-tête de la ville « Santo-Sospir » à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Deux petites traces jaunâtres en marge sans atteinte au texte

Belle lettre à propos de la location d’une Rolls pour les besoins du film Orphée. Cocteau a illustré sa lettre, au recto et verso, de deux dessins représentant la calandre ornée du célèbre « Spirit of Ectasy » tracée au crayon de couleur bleu et orange : « (…) Ce n’est pas un hasard que cette Rolls joue un rôle dans Orphée. J’ai même eu beaucoup de mal à découvrir ce modèle classique – et, en outre, il me fallait trois voitures pareilles à cause des scènes prises à l’intérieur et des transparences (miroir). (La transparence exigeant qu’on démantibule toute la carrosserie). L’Allemagne estime que cette Rolls est la voiture mère (le terme est le même que Mort-dac les grandes langues mortes). Ils disent que c’est elle (la mère) qui tue l’époux – car Orphée ne se tourne pas vers Eurydice mais le voit dans le rétroviseur. Je n’avais pas songé à ce rôle criminel de ma Rolls. Il est vrai que l’exégèse est une muse. Elle nous enseigne ce que nous avons mis dans une œuvre à notre insu. Je voulais une Rolls qui ne suit pas les modes et représente en quelque sorte la reine abstraite des voitures. Une marque en marge et au dessus des marques. Mes motocyclistes noirs ne pouvaient escorter une autre voiture. Cette Rolls – je la louait – et elle m’a coûté plus cher chaque jour que n’importe quelle vedette (…) »

Cocteau fut hanté par le mythe d’Orphée tout au long de sa vie, non pas tellement par rapport à l’amour fou d’Orphée pour Eurydice mais surtout par l’issue tragique de cet amour formalisée par sa descente aux enfers et son voyage parmi les morts. Cocteau transcrit le mythe d’Orphée dans ses dessins, sa poésie, le théâtre et le cinéma en 1950 avec dans le rôle éponyme Jean Marais, Dermit (Cegeste) et Maria Casarès, la princesse symbolisant la mort d’Orphée