Description
Lettre autographe signée « C. B. » au peintre Arthur Stevens. (Paris) 15 août 1863 ; 1 page in-8°.
Baudelaire organise son prochain départ en Belgique en fonction du jour des obsèques d’Eugène DELACROIX. Il a pour projet de visiter « les riches galeries particulières », d’y donner des conférences, de vendre des articles au journal « L’Indépendance belge », le grand quotidien bruxellois dirigé par Léon Bérardi, et de négocier sur place la publication de ses œuvres critiques, mais il n’a pas de quoi payer son voyage : « Mon cher Stevens, Je pars. J’eusse été heureux de vous voir aujourd’hui, et vous devinez pourquoi. Mon entretien avec M. Bérardi sera gêné et bizarre. Partirai-je demain matin, ou ne partirai-je qu’après-demain, après les obsèques de Delacroix ? Je n’en sais rien. Ce qu’il y a de bien décidé, c’est mon désir d’avoir une explication avec M. Bérardi. Si, pendant ce temps, vous avez une réponse du côté de votre ami, gardez-la pour moi, à moins que je ne vous écrive de Bruxelles… »
Lettre qui figure à la Correspondance (Pléiade), tome II, page 312
Baudelaire s’exile en Belgique espérant un nouveau départ, Paris lui pèse. Il a le secret espoir de pouvoir éditer l’intégralité des Fleurs du Mal dont quatre poèmes ont été retirés sur décision de justice pour outrage aux bonnes mœurs. Il a un besoin continuel d’argent depuis sa mise sous tutelle par son beau-père le général Aupick.
Pour sa première conférence à Bruxelles, Baudelaire prend pour sujet Eugène Delacroix dont il évoque la mort et enchaine sur la lecture de son étude « L’œuvre et la vie d’Eugène Delacroix ». Le compte rendu du journaliste Gustave Frédérix, critique à « L’Indépendance belge », lui est plutôt favorable. Malheureusement la suite des conférences n’a pas le public espéré, le Cercle artistique décide alors d’arrêter les frais. Baudelaire va de désillusion en désillusion, il inquiète et rebute, sa colère contre la Belgique se transforme en une aversion maladive.