Description
Carte autographe signée au colonel Michel Alexandre Gaston Tournier, gendre du général Lecomte assassiné lors de la Commune de Paris. Paris, 19 octobre 1909 ; 2 pages in-12° oblong à l’entête du Sénat.
Témoignage historique de Clemenceau, alors jeune maire de Montmartre pendant la Commune de Paris, face à son impuissance à sauver les généraux Lecomte et Clément Thomas assassinés par les soldats qui avaient rejoint les communards : « Combien je vous remercie de votre mot d’amitié, mon cher colonel. Je n’ai fait que mon devoir. Ne manquez pas de me communiquer vos critiques sur mon projet de réforme du conseil de guerre. J’avais fait la connaissance de votre beau-père [le général Lecomte] à une sortie du conseil de guerre qui fut tenu, vers la fin du siège, chez Jules Simon. Je le retrouvais sur la Butte Montmartre le 18 mars au matin. Je passais ma journée à tâcher de prévenir des gendarmes et des gardiens de la paix prisonniers dans ma mairie avec les officiers. Quand on vint me prévenir de ce qui se passait rue des Rosiers ; j’accours…cinq minutes trop tard. Je n’aurais rien pu empêcher hélas ! J’étais seul contre une foule en délire. (…) »
Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871, la brigade Lecomte reçut l’ordre du ministre de la guerre du gouvernement Thiers de reprendre aux Fédérés les canons de la garde nationale, qui n’avait pas été désarmée par les prussiens, rassemblées sur la butte Montmartre dans la crainte de représailles. L’opération se passa de nuit sans heurts, mais les attelages nécessaires pour déplacer les canons n’étaient pas arrivés. Le lendemain matin, la population du quartier donna à boire aux fantassins qui finirent par se rallier aux Fédérés. Le général Lecomte et ses officiers furent arrêtés et conduits au milieu d’une foule hostile au numéro 6 de la rue des rosiers, rejoint par le général Clément Thomas arrêté sur les boulevards. Des soldats déboutés dans cette foule en délire s’emparèrent des prisonniers et les assassinèrent. Le jeune maire de Montmartre, Georges Clemenceau, informé de l’arrestation, se précipita au péril de sa vie jusqu’aux prisonniers. Arrêtés, injuriés par la foule, il arriva malheureusement cinq minutes trop tard. Mais ce crime lui a été injustement reproché par ses adversaires politiques, maintes fois attaqué à la chambre des députés à ce sujet. Cette lettre figure de témoignage quant à son innocence.