Le Maréchal Jean LANNES – Lettre autographe signée

Jean LANNES, duc de Montebello (1769 – 1809), maréchal d’Empire, un des meilleurs éléments de l’empereur qui lui fera dire le jour de sa mort : « je perds le général le plus distingué de mes armées, mon compagnon d’armes depuis seize ans, celui que je considérais comme mon meilleur ami »

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Description

Lettre autographe signée à sa femme, Louise Guéheneuc. Vienne, 16 mai 1809 ; 1 page in-4°. Adresse en quatrième page. Une minime galerie de vers en marge droite.

Belle lettre du maréchal Jean Lannes évoquant tour à tour son beau-frère et aide-de-camp Louis Guéheneuc, le passage du Danube, la blessure de son autre aide de camp Saint Mars et la bonne santé de Napoléon Ier, entre autres. Il sera tué 6 jours plus tard à la bataille d’Essling : « Tu dois être bien contante, ma bonne amie, de ce que Louis [Louis Guéheneuc, frère de la maréchale, aide-de-camp de Lannes ; futur aide de camp de l’Empereur et général] a été chargé d’aporter la rédition à l’impératrisse et à l’archichancelier [Cambacérès secondait l’Impératrice Joséphine durant les absences de Napoléon]. Sa Majesté a fait le choix d’une manière tout à fait aimable. Il paraît que l’ennemi se retire dans la Moravie, nous espérons passer le Danube et marcher à lui dans deux ou trois jours. Encore une bataille, il en est fait de la maison de Lorraine. Tu peux dire à Louis qu’il reste à Paris une dizaine de jours, il me faira faire un habit qu’il m’apportera. Je pence, ma chère Louise, que tu dois être à Maison, et que tu t’occupes de faire arranger le château [acheté en 1804 et que Louise revendra au banquier Jacques Laffitte, d’où son nom actuel de Maisons-Laffitte]. Le gl Frère est arrivé [Bernard Georges François Frère], il m’a remis ta lettre. J’ai aussi reçu l’état de la terre, que tu m’as envoyé, je trouve qu’on la demande beaucoup trop cher, au reste, ma chère Louise, tu verras, et si tu trouve que c’est une bonne affaire, achète la. J’avais envoyé St Mars à Vienne pour sommer la ville, il a reçu un coup de sabre terrible par des hussards qui faisent une sortie sur nos troupes dans ce moment-là [le colonel Joseph-Michault de Saint-Mars, aide de camp de Lannes]. Adieu, ma bien bonne amie, je t’aime de cœur et d’âme. Embrasse nos petis enfans et toute la famille (…) ». Jean Lannes ajoute en bas de page : « Sa majesté se porte on ne peut pas mieux, c’est ce qui nous faut ».

Louise Guéheneuc (1782-1856), seconde épouse de Jean Lannes, fille de sénateur, elle devient dame du Palais de l’impératrice Joséphine puis dame d’honneur de l’impératrice Marie-Louise.

En ce début d’année 1809, Napoléon doit faire face à une Autriche belliqueuse, l’agitation qui couve en Allemagne, l’Espagne aidée par l’Angleterre, au Portugal en état d’insurrection, et à une trahison parisienne fomenté entre Fouché et Talleyrand. Le 10 avril, à sa grande surprise, l’Autriche envahit la Bavière pour rendre à l’Allemagne son indépendance et son honneur, mais Napoléon réussit à les repousser. Aussitôt, il envoie le maréchal Lannes contrer les autrichiens à Eckmül. Les français remportent la bataille mais ne remporte pas la guerre pour autant. L’armée autrichienne, atteint Ratisbonne et entreprend de passer sur la rive nord du Danube. Après avoir pris Vienne, Napoléon et l’archiduc Charles-Louis d’Autriche s’affrontent autour du Danube. L’empereur fait passer un grand nombre de ses hommes sur la rive est du Danube. L’archiduc brûle les ponts du Danube aidé par la crue et bloque ainsi les troupes françaises. Les villages d’Aspern et d’Essling sont tour à tour gagnés puis repris par les autrichiens. Le maréchal Lannes se lance dans le combat pour Essling en sachant que s’il repousse les Autrichiens, la bataille est gagnée. Le 22 mai 1809, Lannes profite d’un moment de calme pour se reposer sur une butte, mais un boulet de l’ennemi lui arrache la jambe gauche. Amputé, il meurt de la gangrène le 31 mai. Napoléon affaibli, ordonne la retraite sur Vienne. Toutefois, l’armée autrichienne est détruite par la suite lors de la bataille de Wagram le 5 et 6 juillet. La mort du maréchal Lannes affecte profondément Napoléon qui écrit à sa veuve : « Ma cousine, le maréchal est mort ce matin des blessures qu’il a reçues sur le champ d’honneur. Ma peine égale la vôtre ; je perds le général le plus distingué de mes armées, mon compagnon d’armes depuis seize ans, celui que je considérais comme mon meilleur ami ».