Description

Moutons et bélier, 26 janvier 1963

Encre sur papier signé et daté (26.1.63)
Dimension de la feuille : 39,4 x 29,2 cm
Dimension des dessins : 26 x 28 cm
Page du livre d’or du restaurant le Coco Beach à Nice. Cet illustre restaurant, niché sur les rochers du Cap de Nice, est fondé par Jean-Baptiste Coco en 1936, négociant en éponge naturelle, qui régalait ses amis d’alors de poissons grillés dans sa paillotte. Par la suite, cet établissement gagna une renommée internationale pour ses loups et langoustes grillés. Son nom fut donné par les marins anglais et américains basés à Nice et Villefranche-sur-Mer à la sortie de la guerre, qui se rendaient à sa cahute d’un « Let’s go to Coco Beach ! ».
La page du livre d’or évoque un savoureux moment passé entre amis. La journaliste et critique d’art Hélène Parmelin, accompagnée de son mari, l’artiste Edouard Pignon et de Pablo Picasso, entre autres, relatent, dans le livre d’or, l’histoire d’un prochain livre, illustré par Edouard Pignon, mais dont le scénario n’a pas été encore donné : « L’écrivain Hélène Parmelin qui est très paresseuse, ne veut pas dicter à son nègre le scénario du roman à faire. J’espère que Pignon fera les illustrations en se rappelant que le roman projeté par H.P. est consacré aux loups et pas aux [agneaux]… ». La romancière a ajouté en dessous : « Et que, de ce nègre, je suis éternellement la « négresse blonde » … ». Edouard Pignon a illustré les propos d’un poisson, sans doute pour faire honneur au fameux loup grillé de Coco et allusion faite aux fameux loups, sujet du prochain roman de sa compagne. Quant à Pablo Picasso, il y a ajouté les agneaux du roman ainsi qu’un bélier au-dessus du loup.
Provenance : Livre d’or du restaurant le Coco Beach à Nice
Certificat d’authenticité du Comité Picasso

Hélène Parmelin, d’origine russe, dont les parents ont fui la Russie tsariste pour rejoindre Lénine à Genève, avant de s’installer à Nancy, s’engage très top au parti communiste français. Elle écrit pour le journal L’Humanité et publie des romans engagés. Dans son milieu, elle rencontre et épouse l’artiste Edouard Pignon avec qui elle mène ses combats. Le couple fait la connaissance de Picasso au PCF, devenu intime, il séjourne régulièrement chez le maître. Cette soirée, au restaurant Coco Beach, devait sûrement être au programme des bons moments passés ensemble. En 1956, Picasso signe avec Hélène Parmelin, Edouard Pignon et le critique George Besson, une lettre au comité central du parti rappelant que la tragédie qui se joue en Hongrie « pose aux communistes de brûlants problèmes que ni le comité central ni L’Humanité ne les ont aidés à résoudre, et demandent la convocation d’un congrès extraordinaire. Picasso restera pour autant attaché au parti mais accusera, notamment Maurice Thorez et Louis Aragon, d’avoir dissimulé la vérité sur la vraie nature du stalinisme. En 1980, le couple Hélène Parmelin et Edouard Pignon quitte le PCF, dû à un profond désaccord relatif au refus du parti de reconnaitre les crimes du Stalinisme qu’elle n’a cessé de dénoncer.
En 1963, Pablo Picasso vit depuis deux ans avec sa dernière épouse, Jacqueline Roque. Il lui a offert en cadeau de mariage le somptueux Mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins. Il y travaille comme un acharné pendant les douze dernières années de sa vie.