Madame Roland

Madame Roland nait Jeanne-Marie Philipon le 17 mars 1754 à Paris. C’est une enfant pieuse et très intelligente, au caractère ferme et résolu, elle montre de grandes aptitudes pour les études. Son maître à penser est Jean-Jacques Rousseau. En 1774 elle fait un court séjour à la cour de Versailles mais nourrit une haine envers la noblesse qui n’a que du mépris pour la bourgeoisie. Elle épouse Jean-Marie Roland de la Platière en 1780 pour échapper à la tutelle de son père. Il est de vingt ans son ainé, économiste et inspecteur du commerce et des manufactures de Picardie. Elle collabore avec lui sur la rédaction de l’encyclopédie méthodique. Elle s’enflamme pour les idées des Lumières et la révolution lui donne l’occasion de s’engager politiquement en adhérent au club des Jacobins en 1791. Elle tient un salon où se rende notamment Pétion et Robespierre. Grâce à ses relations au sein de la Gironde son mari obtient le ministère de l’intérieur. Manon Roland devient l’égérie des Girondins. Elle nourrit un secret amour avec Buzot mais ne quitte pas son mari pour autant. Au contraire, elle s’investit auprès de lui en rédigeant notamment ses discours. Le caractère bien trempé elle s’attaque ouvertement à Danton suite aux massacres de septembre. Elle se fait des ennemis chez les Montagnards. Acculé, son mari est obligé de démissionner de son ministère en 1793. Lors de la proscription des Girondins le 31 mai 1793, elle ne fuit pas contrairement à son mari et Buzot mais se laisse arrêter le 1er juin. Elle est incarcérée à la prison de l’Abbaye. Son emprisonnement est vécu comme un soulagement, détachée de son mari elle entretient une relation épistolaire amoureuse avec Buzot. Remis en liberté un temps, elle est à nouveau incarcérée à Saint Pélagie puis à la Conciergerie. En prison elle est traitée avec respect et peut écrire. Elle se défend d’avoir abusé de son mari et au contraire met en avant sa collaboration avec lui. Elle est jugée le 8 novembre 1793 devant le tribunal révolutionnaire. Elle est condamnée le jour même. Elle fait preuve d’un immense courage face à l’échafaud. Son mari et Buzot se suicident après avoir appris son exécution. Plus tard, Lamartine la glorifie dans son livre « Histoire des Girondins » et lui fait prononcer cette parole apocryphe face à la guillotine : « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »