Gustave FLAUBERT – Lettre autographe signée

Gustave FLAUBERT (1821 – 1880), suite à la sortie de son roman Madame Bovary, est accusé d’outrage aux bonnes mœurs par le procureur Pinard. Il en sort acquitté mais se voit dans l’obligation de soustraire quelques passages jugés licencieux à la version d’origine.

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Description

Lettre autographe signée au journaliste et collaborateur de l’éditeur Charpentier, Maurice Dreyfous. Croisset, nuit de mercredi (27 mai 1874) ; 1 page in-8°. Plis marqués

Belle lettre au sujet de la préparation des nouvelles éditions de Madame Bovary et de Salammbô chez l’éditeur Georges Charpentier. Flaubert avait souhaité intégrer en annexes, pour Madame Bovary, les pièces du procès qui l’avait acquitté et pour Salammbô, les articles de Saint Beuve et de l’orientaliste Froehner qui avaient mis en cause la rigueur de ses recherches historiques. Pour Salammbô seul seront intégrées ses réponses aux critiques : « Je viens de lire les deux articles de Froehner et je ne suis pas d’avis qu’il faille les analyser. Il est plus loyal & plus crane de les imprimer in-extenso. Les 3 articles de Ste Beuve, ma lettre à Iceluy, l’article de Froehner, ma réponse, son second article et ma réplique ne doivent pas tenir plus de place dans le volume de Salammbô que le réquisitoire de Pinard & la plaidoirie de Senard n’en tiennent dans Bovary ! – notez que Salammbô est plus court que la Bovary ! Telle est mon opinion. Advisez ! J’attends la fin des épreuves de la dite Salammbô. Quoi de nouveau ? Georges [Charpentier] vient de recevoir de moi une lettre à prendre en considération… »

Lors du procès de Madame Bovary initié par le procureur Ernest Pinard, qui se déroula le 7 février 1857 à la chambre correctionnelle de Paris, trois hommes comparurent : Léon Laurent-Pichat, directeur de la Revue de Paris, Auguste-Alexis Pillet, imprimeur du périodique, et Gustave Flaubert. Laurent-Pichat fut inculpé d’avoir, en 1856, « publié dans les numéros des 1er et 15 décembre de la Revue de Paris des fragments d’un roman intitulé Madame Bovary et, notamment, divers fragments contenus dans les pages 73, 77, 78, 272, 273, commis les délits d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs (…) Pillet en imprimant pour qu’ils fussent publiés, Flaubert en écrivant et remettant à Laurent-Pichat pour être publiés, les fragments du roman (…) et de s’être ainsi rendus complices de ces délits prévus par les articles 1er et 8 de la loi du 17 mai 1819, et 59 et 60 du Code pénal ». A l’origine, Maxime du Camp, ami d’enfance de Flaubert, avait remis le manuscrit de Madame Bovary à Laurent-Pichat pour y être publié. Ce dernier demanda au préalable de soustraire certains passages. Du Camp partagea cet avis. Un spécialiste fut chargé de la besogne, amputant le roman d’un chapitre et écourtant des passages au grand dam de Flaubert. Quand Laurent-Pichat s’en prit au célèbre passage du fiacre, Flaubert, furibard, lui écrivit : « On ne blanchit pas les nègres et on ne change pas le sang d’un livre ; on peut l’appauvrir, voilà tout (…) ». Suite à l’acquittement de Flaubert, en échange de quelques coupures contraintes dans la version d’origine, il inscrivit sur son exemplaire personnel les lignes suivantes : « Cet exemplaire représente mon manuscrit tel qu’il est sorti des mains du sieur Laurent Pichat, poète et rédacteur propriétaire de la Revue de Paris.