Journal le Progrès – Interview de Cyril Gaillard

12.09.2017

Expert en autographes, lettres et manuscrits anciens, Cyril Gaillard a fait de sa passion son métier. À 44 ans, il possède une collection de près d’un millier de documents qu’il expertise et revend via sa société Manuscripta basée à Lyon.

Tout a commencé dans une petite boutique de Saint-Germain-des-Prés, au début des années 2000. Lorsque Cyril Gaillard entre dans ce magasin spécialisé dans les vieux manuscrits, il tombe
sur une lettre de Victor Hugo. Coup de foudre. Ce sera son premier achat et le début d’une collection qui atteindra près d’un millier d’archives, avec, entre autres, des lettres, des dessins ou encore des photographies. « Cette première lettre était extraordinaire pour moi, je pouvais ressentir tellement d’émotions, de sensations… À travers l’écriture, on touche à l’intime de l’auteur », affirme le spécialiste. La petite histoire dans la grande.
Après plusieurs années passées à enrichir sa collection, grâce aux ventes aux enchères ou aux collectionneurs, il se décide à ouvrir sa société, Manuscripta, en 2009.

À partir de ce moment, il
commence à revendre ses trouvailles, principalement à des collectionneurs, mais aussi à des personnes lambda ayant eu un coup de coeur pour un document en particulier. « Les écrivains
modernes, les peintres impressionnistes se vendent très bien. Par contre, tout ce qui relève du Second Empire, beaucoup moins », avoue-t-il. Le prix joue aussi pour beaucoup : certaines lettres ou dessins pouvant atteindre 100 000 € ! « Il y a des lettres peu chères, comme celles de Lamartine qui peuvent se vendre environ 300 €, d’autres sont estimées à 100 000 €, comme une
lettre de Chopin, par exemple », ajoute-t-il. Ces montants varient en fonction de l’auteur, de la période, du destinataire, mais aussi du contenu. « Une lettre de Victor Hugo sur la peine de mort vaudra bien plus cher qu’une lettre destinée à sa maîtresse ! », s’amuse Cyril Gaillard.

C’est pourquoi chaque écrit est disséqué et analysé par l’expert, qui peut passer plusieurs jours à faire des recherches pour mettre le document en perspective. « C’est passionnant. On apprend tellement de choses qu’on ne trouvera jamais dans les livres d’histoire… », conclut-il.
« À travers l’écriture, on touche à l’intime de l’auteur. »
Cyril Gaillard, expert en autographes

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