Claude Joseph ROUGET DE LISLE – Lettre autographe signée

Claude Joseph ROUGET DE LISLE (1760 – 1836), officier, poète et auteur dramatique français compose la Marseillaise à la demande du maire de Strasbourg le 25 avril 1792, elle est déclarée chant national le 14 juillet 1795, de nombreux libraires la commercialise en toute légalité malgré le fait que Rouget de Lisle ait vendu les droits à l’éditeur de musique Maurice Schlesinger, ce dernier perd son procès attenté en contrefaçon.

Description

Lettre autographe signée à l’éditeur de musique parisien Maurice Schlesinger. 28 décembre (1830) ; 1 page in-8°. Adresse du destinataire et cachet postal de Choisy-le-Roi daté du 31 décembre 1830 en quatrième page.

Rare lettre concernant le procès en contrefaçon de LA MARSEILLAISE fait par l’éditeur Maurice Schlesinger, dont Rouget de Lisle lui avait cédé la propriété le 18 août 1830
« Vous comptez pour tout, Monsieur Schlesinger, vos embarras, et vous ne comptez pour rien ceux où vous précipitez ceux qui ont affaire à vous. Et puis qui du recueil ou de vous-même vous a suscité le procès dont vous me parlez, ainsi que les dépenses et tous les désagréments qui en sont la suite ? Dans aucun cas…au reste, je m’abstiens de toute récrimination ; elles me mèneraient trop loin. Je ne vous répondrais même pas si l’on n’exigeait de moi de vous demander comment vous prétendez remplacer vos 3 billets, car le 3eme aura le sort des 2 premiers ; ni moi, ni les autres intéressés, nous n’avons aucun doute à cet égard. Si vos propositions conviennent, on y accédera : si non l’affaire suivra son cours. Je vous salue… »

Rouget de Lisle avait vendu le 18 août 1830, par acte notarié, à l’éditeur de musique Maurice Schlesinger, la propriété de cinquante chants nationaux dont l’hymne célèbre de la Marseillaise. En vertu de la cession faite, Maurice Schlesinger fit saisir chez dix de ses confrères tous les exemplaires de ce chant qu’il fut possible de découvrir et porta plainte en contrefaçon, mais les dix marchands saisis et cinq autres éditeurs de musique, attaquèrent Maurice Schlesinger devant le tribunal de commerce et demandèrent l’autorisation de vendre, comme par le passé, La Marseillaise. Le jugement de la Cour Royale de Paris du 28 décembre 1830 devait décider dans ses attendus que le chant La Marseillaise était tombé depuis près de quarante ans dans le domaine public, qu’il a été imprimé et vendu à une époque où aucune loi ne donnait le droit de propriété aux auteurs ; que, d’ailleurs, il résulte des débats qu’hommage en avait été fait à la nation (…) que la vente faite par le sieur Rouget de Lisle, auteur des paroles et de la musique de ce chant, parmi beaucoup d’autres, ne peut donner au sieur Schlesinger la propriété exclusive. Maurice Schlesinger se voyait débouté de ses demandes et les éditeurs de musique autorisés à continuer de vendre le chant de La Marseillaise comme par le passé.
Répertoire du Droit Commercial recueil mensuel par F.M. Patorni avocat à la Cour Royale de Paris, 1830.

La Marseillaise, chant patriotique pour l’armée du Rhin, est commandée par le maire de Strasbourg, le baron Philippe Frédéric de Dietrich, le 25 avril 1792 à Claude Joseph Rouget de Lisle. Ce chant a pour vocation de mobiliser la fibre patriotique suite à la déclaration de guerre de la France à l’Autriche. Rouget de Lisle la compose dans la nuit du 25 et la présente au maire le 26 avril. Le 17 juin de la même année le Chant de Guerre pour l’armée du Rhin est entonné par un militaire de Strasbourg à Montpellier lors des funérailles du maire d’Etampes, ce chant suscite l’enthousiasme et est repris par la suite puis imprimé par le journal des départements méridionaux daté du 23 juin 1792. En juillet, il est chanté par les fédérés marseillais tout au long de leur marche vers Paris, son nom lui est donné par la foule se sera La Marseillaise. Elle est déclarée chant national le 14 juillet 1795.