Georges CLEMENCEAU – Lettre autographe signée 1918

Georges CLEMENCEAU (1841 – 1929), journaliste et homme d’Etat français. Exceptionnelle lettre du « Tigre » qui, en véritable chef de guerre, organise la résistance face à l’ennemie. Comme il le disait dans une de ses célèbres formules : « La Guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires ! »

Description

Lettre autographe signée à André Tardieu, commissaire général aux affaires de guerre franco-américaines à Washington. Paris, 24 janvier 1918 ; 3 pages in-8° sur son papier en-tête du président du conseil et ministre de la guerre. Enveloppe conservée

Le 16 novembre 1917, Clemenceau est nommé par le président Poincaré président du conseil, s’octroyant également le portefeuille de la guerre car comme il le disait : « La Guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires ! ». Il fait la chasse aux pacifistes et mate les révoltent et mutinerie. Son principe est simple, pour obtenir la paix il faut poursuivre la guerre à outrance et tenir le dernier. Pour cela il a besoin des colonies et du renfort des américains. Au début de l’année 1918, les alliés perdent un front avec la sortie du conflit de la Russie. Les allemands profitent de cette défection pour envoyer d’importants renforts sur le front ouest et tenter d’obtenir une victoire rapide avant l’arrivée effective des Américains. A ce moment critique de la guerre, Georges Clemenceau reste ferme : « Nous tiendrons, voilà tout ce qu’il faut pour le moment » indiquant à André Tardieu que « nous avons devant nous 167 divisions boches, en attendant ce qui est en arrière ». Il regrette le retard pris par les troupes américaines : « une division en secteur depuis quatre jours, une autre dans dix ou douze jours. Les deux autres pour le commencement d’avril, c’est à dire en pleine bataille » et « demande la suite le plus tôt possible. » : « Tous mes remerciements pour votre bonne lettre qui est un excellent résumé de situation. Je vois avec plaisir que sans titre fastueux vous faites tout ce qui est possible et même parfois au delà. Comment vous demandez davantage ? J’en aurais trop long à vous dire pour vous exposer, même brièvement, les choses d’ici que votre flair vous permet de pressentir avant que la confirmation ne vous en arrive. Nous tiendrons, voilà tout ce qu’il faut pour le moment. Le reste s’ensuivra. Nous avons devant nous 167 divisions boches, en attendant ce qui est en arrière. Amalgame américain obtenu dans ses parties les plus importantes. Conversations avec les Anglais se poursuivent dans de bonnes conditions. Je ne vous apprends pas que les troupes américaines sont fort en retard. 150000 hommes en France, dont 100000 fusils, une division en secteur depuis quatre jours, une autre dans dix ou douze jours. Les deux autres pour le commencement d’avril, c’est à dire en pleine bataille. Je demande la suite le plus tôt possible… »

André Tardieu (1876-1945) est un homme d’État français. Il appartient au cercle des premiers fidèles de Georges Clemenceau. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert en 1914 au front, avant d’être appelé à l’état-major du général Foch. Il quitte cette fonction en 1915, avec l’accord du général, pour se consacrer à la politique. En avril 1917, il est nommé commissaire général aux Affaires de guerre franco-américaines à Washington, mission qui a pour but de coordonner l’effort de guerre franco-américain. Après l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, il devient l’interface principale entre les deux pays dans le domaine militaro-industriel. En 1918, il est le bras droit de Georges Clemenceau, président du Conseil, pendant la conférence de la paix de Paris et, en tant que délégué français, président ou membre de nombreuses commissions. Il participe aux négociations qui débouchent sur la signature du traité de Versailles avec l’Allemagne.