Jean MERMOZ – Lettre autographe signée

Jean MERMOZ (1901 – 1936), aviateur français

Description

Lettre autographe signée « Mermoz lignes aériennes Latécoère Casablanca » au colonel Victor Denain. Dakar 15 février 1927; 1 page ½ in-4°
Belle lettre de Mermoz qui fait part de sa détermination à traverser l’Atlantique pour ouvrir de nouvelles liaisons en Amérique du Sud ou du Nord : « Mon colonel (…). J’ose en même temps me permettre de venir vous importuner par une question qui m’est à cœur depuis un certain temps. Certains pilotes d’ici et non des moindres certes ! ont eu la bonne fortune de pouvoir accomplir des choses admirables en temps que raid – Cette année, la traversée de l’Atlantique va mettre au monde et des avions sur pied. Pour ma part je désirerais fermement interrompre un tout petit instant la tâche quotidienne et monotone que j’accomplis en temps que simple pilote de ligne avec foi et satisfaction entières d’ailleurs pour tenter, moi-aussi, ma chance vers un peu d’inconnu, avec la ferme intention de reprendre tout aussi tôt ma place dans l’ombre qui vous est imposée. Ne pensez-vous pas, mon colonel, que je serais susceptible d’obtenir une autorisation à la Direction Aéronautique à cette intention ? Je suis encore un jeune de l’aviation mais je compte 2000 heures de vol dont 1500 heures de ligne sur Toulouse-Dakar, et 800 heures de vol dans l’année et je me sens assez de réserve de ténacité et de courage pour entreprendre quoique ce soit. Je tâcherai d’obtenir un appareil de la maison Bréquet un XIX, si possible. Nous n’avons encore rien fait du côté de l’Amérique du Sud. Les Espagnols sont passés, les Italiens s’y essayent. Seuls, nous qui allons ouvrir une ligne de France en Argentine n’avons rien tenté en temps que traversée de Dakar à Natal ! ( les 12 et 13 mai 1930 Mermoz relie Saint-Louis au Sénégal à Natal au Brésil au terme d’un vol de 21h 10mn sur un hydravion Laté 28-3). Bref que ce soit l’Amérique du Sud ou vers l’Amérique du Nord, je ferais trop volontiers un pas en avant moi aussi – Pourquoi ne le ferais-je pas ? Mon colonel, j’oserais encore faire appel à votre assistance pour cela s’il vous est possible de bien vouloir me l’accorder. Je m’adresse à vous parce que vous êtes le seul à qui je puis demander aide et conseil en cette matière. Si vous ne pouvez absolument rien de ce côté, je vous pris, mon colonel, de bien vouloir tenir cette missive pour nulle et croire au souvenir et au dévouement respectueux que je vous garde »

Jusqu’en avril 1927 Mermoz est pilote sur les lignes Aériennes Latécoère. Les 11 et 12 octobre de cette même année il réussit en compagnie de Négrin à bord d’un Laté 26 un vol sans escale de Toulouse à Saint-Louis du Sénégal, en effet, Mermoz avait émis dès février le désir d’interrompre un temps son activité de pilote sur les lignes Latécoère pour tenter la traversée de l’Atlantique et ouvrir des lignes en Amérique du Sud. Marcel Bouilloux-Lafont, président de la Compagnie Générale Aéropostale, répond à ses souhaits et l’envoie en octobre à Rio de Janeiro développer de nouvelles liaisons en Amérique du sud (ligne des Andes), mais pour cela, il doit franchir un obstacle majeur : la Cordillère des Andes.