Joseph FOUCHE – Lettre autographe signée au roi de Naples Joachim MURAT

Joseph FOUCHE, duc d’Otrante (1759 – 1820), ministre d’Empire, s’était rapproché de Talleyrand pour organiser le remplacement de l’empereur par le maréchal Murat en cas de mort accidentelle de l’empereur en campagne. C’est là précisément l’objet de cette lettre adressée au roi de Naples qui donne à voir tout le savoir faire du duc d’Otrante dans l’art de l’intrigue : « L’intrigue était aussi nécessaire à Fouché que la nourriture », aurait dit Napoléon à Sainte-Hélène

Description

Lettre autographe signée au roi de Naples Joachim MURAT. Paris, 16 mai (1809) ; 1 page in-folio. Au dos adresse « à sa majesté le roi de Naples » avec contreseing « Le ministre de la police gle de l’empereur », cachet de cire rouge brisé.

Belle et longue lettre sur Napoléon, l’empire, ses principaux alliés et rivaux, et surtout la carence dynastique qui menace l’Empire à la veille de la bataille de Wagram contre l’armée autrichienne. En effet, Fouché s’était rapproché de Talleyrand pour organiser l’accès au trône de Murat en cas de mort accidentelle de l’empereur en campagne : « Je n’ai pas eu l’occasion d’écrire à votre majesté depuis le départ de M. Salicetti [ami corse de Napoléon, ancien ministre de la police général et de la guerre au royaume de Naples, Napoléon demande à Murat de l’envoyer à Rome]. Il s’est passé beaucoup d’évènement depuis cette époque. L’empereur parti de Paris le 13 avril est arrivé à Vienne le 10 mai. J‘espère que la monarchie autrichienne notre ennemie ne sera plus relevée et que le vainqueur va enfin s’occuper à constituer sa dynastie de manière qu’elle soit à l’abri des orages. C’est lorsqu’on a appris à Paris que Sa Majesté avoit été atteinte d’une balle qu’il s’est élevé un vœu unanime pour qu’elle ne quittât plus sa capitale avant d’y pouvoir laisser des enfans. Je l’ai dit souvent & je ne cesserai de le répéter : les amis de la dynastie Bonaparte la défendront de leur courage et de leur sang, mais ils feront d’inutiles efforts si nous avons le malheur de perdre l’empereur avant qu’il donne au monde des héritiers de à sa gloire & de sa vie. Notre situation actuelle est bonne au dehors et au-dedans. La Russie est toujours en bonne intelligence avec nous, et l’empereur Alexandre paroît sincerement attaché à l’empereur Napoléon. La Prusse est trop peu de chose dans la balance pour la compter. L’Autriche est en dissolution. Nous sommes tranquilles au-dedans – il n’y a pas un point de l’empire où le moindre désordre puisse être impuni. à Paris on y bavarde toujours mais on y est bon et docile quand on est peu irrité ou tourmenté. On y est triste pendant l’absence de l’Empereur et on attend avec impatience son retour. La chronique n’offre rien de bien remarquable. L’archichancelier [Cambacérès] est toujours constant dans ses amours, le prince de Bénévent [Talleyrand] a quitté la baronne de Montmorency pour madame la comtesse R. de St Jean d’Angély. Je comptais avoir le bonheur d’écrire à la Reine [Caroline Bonaparte reine de Naples] aujourd’hui, mais j’ai la fièvre depuis huit jours & je suis prié d’abréger cette lettre. » Pour finir, il « prie votre majesté de croire que dans aucun temps, elle ne trouvera un serviteur plus fidèle & plus attaché…»

A la fin de l’année 1808 Napoléon doit faire face à une France qui se lasse des guerres incessantes, la guerre d’Espagne a laissé des séquelles, et d’un rapprochement entre Fouché et Talleyrand qui lui fait craindre une trahison trahison (ils songent à un éventuel remplacement de l’Empereur par le maréchal Murat en cas de mort accidentelle en campagne). Le 10 avril 1809 l’armée autrichienne conduite par l’archiduc Charles envahit la Bavière pour réparer l’affront de la bataille d’Austerlitz et redonner leur liberté aux prussiens sous domination française. Napoléon cherche le ralliement du tsar qui la lui refuse. Napoléon bat dans un premier temps les autrichien à Abensberg le 20 avril, mais comprend rapidement que le gros des troupes est basé au nord à Ratisbonne. Il y envoi le maréchal Lannes accompagné des maréchaux Berthier et Masséna suite à une attaque autrichienne dans la nuit du 21 avril autour d’Eckmühl. C’est une victoire française, les autrichiens battent en retraite. Napoléon poursuit les autrichiens à Ratisbonne, au cours de cette bataille Napoléon est blessé au talon, c’est sa seconde blessure après le siège de Toulon. Chacun des deux camps cherchent le coup décisif. Napoléon qui a compris le plan de l’archiduc Charles fait passer ses troupes sur la rive est du Danube, ce dernier veut gagner du temps avant que toutes les troupes françaises ne se soient engager sur le Danube, et lance une attaque le 21 mai à Aspern et Essling. Napoléon est sur la défensive, le maréchal Lannes lui vient en secours mais un obus lui arrache les deux jambes alors qu’il attendait assis sur un rocher l’ordre d’attaquer. Il meurt le 31 mai. L’archiduc est victorieux mais Napoléon avec l’appui des troupes du prince Eugène de Beauharnais renverse la situation dans la plaine de Wagram les 5 et 6 juillet. C’est une victoire décisive mais qui lui laisse des pertes.