Juan GRIS – Lettre autographe signée

Juan GRIS (1887 – 1927), peintre espagnol. Il arrive à Paris en 1906 et se lie d’amitié avec ses compagnons d’infortune comme Amedeo Modigliani, Henri Matisse, Georges Braque, Max Jacob, Guillaume Apollinaire et bien sûr son compatriote Pablo Picasso

Description

Lettre autographe signée au critique d’art et promoteur du cubisme, Maurice Raynal. Paris 18 décembre 1915 ; 3 pages 1/2 in-8°. Pliure centrale d’usage

Rare et exceptionnelle lettre du peintre cubiste espagnol, mort à seulement quarante ans, donnant des nouvelles de la scène avant-gardiste artistique et littéraire parisienne, alors que la guerre s’enlise depuis un an. Il évoque tour à tour l’enterrement émouvant de Marcelle Humbert, dite Eva Gouel, épouse de Pablo Picasso, la conversion surprenante au catholicisme de Max Jacob, des nouvelles de la santé d’André Salmon, les Reverdy. Il révèle également les querelles et tensions sous-jacente au sein du milieu artistique : « Mon cher ami. Il y a longtemps que j’aurais du repondre a ta derniere. Que veux-tu c’est la flemme qui donne le cafard civil. Car ce n’est pas seulement toi qui s’ennuie je n’ai rien de bien agreable a t’apprendre. La femme de Picasso est morte ces jours derniers. L’enterrement auquel nous assistios 9 ou 8 amis a été bien triste a part bien entendu des quelques saillies de Max [Jacob] qui l’ont encore rendu plus sinistre. Picasso est assez frappé de ça. Je vais peut-etre signer un traite si les conditions s’arrangent. En tout cas si les projets qu’on fait arrivent a se realiser y il a de la place pour toi. Tout ça est encore trop vague pour que je t’en parle, mais si ça marchait je te mettrais au courant. Basler [Adolphe Basler, secrétaire d’Apollinaire, critique d’art et courtier en art] s’est epris de moi subitement et il vient souvent me voir. Il dit beaucoup de bien de toi comme du seul critique qui connaisse quelque chose a la peinture et qui est des idees generales. Il a decouvert deux denominations nouvelles pour la peintura : la peinture de l’Europe central don Derain est le grand maitre et la peinture de l’union raté a laquelle se rallient tous les tiedes revolutioners comme de Segonzac et autres. Il appelle aussi Max le converti pour la durée de la guerre [le 22 septembre 1909, à l’âge de 33 ans, le poète Max Jacob, de confession juive, voit « l’Hôte » sur le mur de sa chambre. Cette vision le bouleverse au plus profond de son être]. J’ai vu que Salmon a été tres malade. Il va mieux mais il a faillit y passer. Tout ça complique a ce qu’il parait avec un grande purée. Tache de m’ecrire bientôt et reçois mon cher ami toute mon amitie. Juan Gris Ma femme [Josette] et les Reverdy t’envoient le bonjour »