Description
Lettre autographe signée à l’écrivain Jacques Chardonne. Salzburg, 15 décembre 1932 ; 2 pages in-8° sur papier personnel à ses initiales. Texte en français
Lettre écrite dans un français parfait, dans laquelle le grand écrivain autrichien donne un avis sans concession à son homologue sur ses travaux littéraires. Il s’étonne par ailleurs de l’immense succès de sa biographie sur la reine Marie-Antoinette : « Cher monsieur Chardonne, j’ai lu la traduction allemande de votre roman. Elle n’est pas mauvaise, elle ne fait pas des fautes, mais il lui manque un peu de musicalité et de finesse. Elle est honnête, mais comme souvent les gens et les choses honnêtes, un peu sèche, sans balances, sans ce parfum qui enveloppe vos paroles. Il n’est pas un malheur, si les mêmes traducteurs font leur travail pour « Claire », mais si vous avez le choix je vous conseillerais comme traducteur Erwin Rieger (Vienne, I Schottenring 17) qui est un poète lui même et qui a maitrisé les plus difficiles traductions comme Mallarmé etc. Il serait certainement heureux de pouvoir traduire un livre tel le votre, et il le ferait mille fois mieux. Autre chose : je trouve que l’extérieur de votre livre laisse à désirer dans l’édition allemande. L’impression, la reliure sont très pauvres et ne montrent pas trop de gout : votre livre aurait droit d’être édité avec plus de soin. Demandez de votre éditeur qu’il fasse mieux pour cela : aussi le format est trop grand et mal choisie. J’ai reçu avec beaucoup de joie votre Amour du Prochain : il est sur ma table et sera le cadeau de Noël que je ferai à moi même en le lisant. Je suis très heureux de votre grand succès – d’ailleurs je n’ai pas a me plaindre pour ma part. Ma Marie Antoinette devient le grand succès de la saison, on a vendu 40.000 en deux mois, ce qui est énorme pour un livre à 8 Mark 50 (cinquante francs) dans un moment de détresse extrême. J’étais il y a 8 mois à Strasbourg et Colmar, mais je n’avais pas le temps, d’aller à Paris. Il faut faire son travail et je finis une petite opéra pour Richard Strauss. Fidèlement votre… »