STENDHAL – Lettre autographe signée

STENDHAL (Henri BEYLE) (1783 – 1842), écrivain français, convoite un poste d’auditeur au Conseil d’état qu’il obtiendra en 1810. Cette quête de promotion social ne le détourne pas de sa recherche perpétuelle du bonheur par les arts qu’il désignera en mars 1811 par le beylisme.

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Description

Lettre autographe signée « H.B» à sa sœur Pauline. Vienne 18 octobre 1809; 2 pages ½ in-4. Légères mouillures

Le jeune Stendhal en quête de promotion sociale convoite un poste d’Auditeur au Conseil d’Etat par l’entremise de ses cousins Daru, mais son ambition ne le détourne pas de sa recherche grandissante du bonheur par les arts « le Beylisme » :
«D’abord l’officiel. Il faut adresser la lettre à Mal [Martial Daru], à Paris. 2° Peser beaucoup sur l’énorme différence de la place d’A [auditeur] à celle de C [commissaire], car d’ici à la réception le hasard peut me jouer le tour de me faire C [commissaire]. Bien éloigner l’idée que cette nouvelle tentative vient de moi ; faire le bon et ancien raisonnement : « Lorsque je vous demandai la place d’A [auditeur], il y a trois ans, vous dîtes : je le ferai sur-le-champ, ce à quoi il ne parviendrait qu’après avoir été deux ou trois ans A [auditeur]. » Parler de M. D [Noël Daru] le père qui, effectivement, s’il vivait, nous seconderait. 4° Exagérer un peu la force de la protection Charpentier, fût-il déjà décédé. 5° Au lieu de 6.530, 7.530, ce qui aura l’air plus naturel. Voilà les seuls perfectionnements qui me soient venus dans l’idée. Faire le tout très promptement et secrètement. Voici une lettre que j’écris à un ami de Naples et qui une fois faite m’a paru un portrait assez vrai de mon mauvais côté. Lis-la et fais-la mettre à la poste pour Naples. Fais extraire mes livres de la commode qui les contient. Fais-en ôter la poussière par le bon Jean et fais-les renfermer soigneusement. Je serais au désespoir d’en perdre un seul. Je compte les lire avec toi dans ma chambre à Claix. Fais-y mettre un papier de bon goût, simple surtout et d’une couleur douce pour la vue que je perds sans cesse. Là, quand une bise noire nous empêchera de promener, nous les lirons auprès d’un bon feu, oubliant entièrement toutes les bêtises d’avancement et de fortune, car rien de plus vrai que ces vers : Je lis au front de ceux qu’un vain luxe environne Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne. C’est aussi exact qu’une description géométrique. [Fable de La Fontaine « Philémon et Baucis »] »

Après l’obtention d’un prix en Mathématique à l’Ecole Centrale de Grenoble, Stendhal quitte sa ville natale, qu’il déteste, pour tenter l’Ecole Polytechnique à Paris en octobre 1799. Préférant séduire les femmes et écrire des comédies, désespéré et désargenté, il est pris en charge par ses cousins Daru qui l’orientent vers un poste au Ministère de la Guerre par l’entremise de Pierre Daru alors secrétaire général. En juin 1800, la bataille de Marengo lui fait découvrir l’Italie, il tombe sous le charme de Naples. Le 12 mai 1809, Napoléon entre dans Vienne, Stendhal passe alors sous les ordres de Martial Daru, intendant de la province de Vienne. En août 1810, il est nommé Auditeur au Conseil d’Etat, poste à haute responsabilité, qui l’élève socialement, toutefois, l’argent ne comble pas son ennuie, il préfère s’évader à travers les arts à la quête du bonheur qu’il définit en mars 1811 comme le « Beylisme ».
Lettre référencée dans la correspondance