Description
Lettre autographe signée « Juliette » à Victor HUGO. Bruxelles, mercredi matin 7h, 14 juillet 1852; 4 pages in-8. Quelques trous, corrosion résultant de l’encre et infimes déchirures.
Belle lettre d’amour de Juliette Drouet à son « doux bien aimé » exilés à Bruxelles suite au coup d’état de Napoléon III : « Bonjour, mon pauvre doux bien aimé, bonjour avec tout mon cœur et toute mon âme, bonjour. J’ai beau vouloir prendre le dessus sur ce triste évènement d’hier je n’en viens pas à bout car, outre la perte matérielle qui est immense pour nous, surtout dans ce moment ci, il y a la perte morale, la confiance, l’estime que rien ne peut remplacer. Je ne sais pas ce que je ne donnerais pas pour que cette chose si louche si dérisoire à l’honneur de la probité de cette malheureuse famille. Aussi j’attends demain avec une impatience que rien ne peut exprimer mais au fond sans grand espoir de voir réaliser la seule chance que nous ayons c’est-à-dire un retard dans le suivi de la poste. Pardon, mon pauvre bien aimé, de t’entretenir encore de cette chose triste à tous les points de vue mais il m’est impossible de penser à autre chose. La douleur, la résignation et ton courage sont autant de regrets qui m’entrent dans le cœur et le font saigner. Pauvre, pauvre grand adoré, c’est presque un remord pour moi de penser que ce surcroit d’embarra t’arrive à mon occasion aussi mon chagrin se ressent de cette fausse position et s’en accroit d’autant. Pardon encore une fois mon généreux et ineffable bien aimé, pardon de ma douloureuse susceptibilité, pardon de t’aimer trop. Je te souris, je ne pleure plus. Je t’aime et je me résigne à mon tour à ma mauvaise chance. Cher adoré est-ce que tu as pu dormir cette nuit, malgré la chaleur et tout ce que tu avais bu de bière et d’eau ? Quant à moi je n’ai pas fermé l’œil et j’ai passé mon temps de minuit à 6h du matin à changer de chemise. Aussi ce matin je suis un peu fatiguée mais cela se dissipe dans la journée. D’ici là je vais finir de copier ce que tu m’as donné et puis je t’attendrai et puis je serai bien heureuse malgré tout si tu viens de bonne heure. Juliette »
Juliette Drouet et Victor Hugo se réfugient à Bruxelles suite au coup d’état du 2 décembre 1851, Adèle est restée à Paris. Ils y restent jusqu’au 1er août 1852, la position politique de Victor Hugo et son action incommodent les autorités belges qui lui signifie l’inconfort de la situation vis-à-vis de la France. Pendant ces 2 années à Bruxelles, Juliette Drouet s’atèle avec constance et rigueur à recopier le manuscrit de « Napoléon le Petit » ; Victor Hugo, pour la remercier de sont travail, lui offre sa bouteille d’encre avec cette dédicace « De cette bouteille sortit Napoléon le Petit ».
