Description
Manuscrit autographe de la chanson « Les châteaux de sable ». Jeudi 18/10/79 ; 1 page in-folio sur papier quadrillé comportant des trous de classeur en marge sans atteinte au texte.
Manuscrit retrouvé d’une des dernières chansons que Brassens n’a pas eu le temps d’enregistrer, daté du jeudi 18/10/79. La chanson fut mise en musique par Brassens et enregistrée, après sa mort, en 1984 par Jean Bertola et reprise en 1998 par Maxime Le Forestier. Manuscrit recopié, comme indiqué en rouge par Brassens, mais avec quelques modifications apportées dans les mots. Indication contextuelle en bas de page.
« Je chante la petite guerre
Des braves enfants de naguère
Qui sur la plage ont bataillé
Pour sauver un château de sable
Et ses remparts infranchissables
Qu’une vague allait balayer
J’en étais : l’arme à la bretelle
Retranchés dans la citadelle
De pied ferme nous attendions
Une cohorte sarrazine
Partie de la côte voisine
A l’assaut de notre bastion
A cent pas de là sur la dune
En attendant que la fortune
Des armes sourie aux vainqueurs
Languissant d’être courtisées
Nos promises, nos fiancées
Préparaient doucement leur cœur
Tout à coup l’Armada sauvage
Déferla sur notre rivage
Avec ses lances, ses pavois
Pour commettre force rapines
Et même enlever nos Sabines
Plus belles que les leurs cent fois
La mêlée fut digne d’Homère
Et la défaite bien amère
A l’ennemi pourtant nombreux
Qu’on battit à plate couture
Qui partit en déconfiture
En déroute en sauve-qui-peut
Oui cette horde de barbares
Que notre fureur désempare
Fit retraite avec ses vaisseaux
En n’emportant pour tous trophées
Moins que rien, deux balles crevées
Trois raquettes, quatre cerceaux
Après la victoire fameuse
En chantant l’air de Sambre et Meuse
Et de la Marseillaise ô gué
On vint chercher la récompense [on courut vers la récompense]
Que les demoiselles dispensent [que je joli sexe dispense]
Aux petits héros fatigués
Tandis que tout bas à l’oreille
De nos Fanny, de nos Mireille
On racontait notre saga
Qu’aux doigts on leur passait la bague
Surgit une espèce de vague
Que personne ne remarqua
Au demeurant ce n’était qu’une
Vague sans amplitude aucune
Une vaguelette égarée
Mais en atteignant au rivage
Elle causa plus de ravages [force ravage]
Et dégâts qu’un raz-de-marée
Du château rien n’est demeuré
Expéditive la traîtresse
Investit notre forteresse
La renversant la détruisant
Adieu donjon tours et courtines
Que quatre gouttes anodines
Avaient effacés en passant
A quelque temps de là nous sommes
Allés mener parmi les hommes
D’autres batailles (…) [biffé]
Partir mener d’autres campagnes
Où les châteaux sont plus d’Espagne
Et de sable qu’auparavant
Quand je vois lutter sur la plage
Des soldats à la fleur de l’âge
Je ne les décourage pas
Quoique je sache, ayant naguère
Livré moi-même cette guerre
L’issue fatale du combat
Je sais que malgré leur défense
Leur campagne est perdue d’avance
Mais je les laisse batailler
Pour sauver un château de sable
Et ses remparts infranchissables
Qu’une vague va balayer »
« (…) peut être ne pas parler des filles avant la mêlée leur défaite est réglée d’avance jeudi 18/10/79 »