Description
Manuscrit autographe de la chanson « L’orphelin ». S.l.n.d. ; 2 page in-4° sur papier quadrillé comportant des trous de classeur en marge sans atteinte au texte.
Manuscrit retrouvé d’une des dernières chansons que Brassens n’a pas eu le temps d’enregistrer avant sa mort, survenue le 29 octobre 1981. La chanson « L’orphelin » fut mise en musique par Brassens et interprétée en 1982 par Jean Bertola, puis par Maxime le Forestier.
Passionnant manuscrit de travail où l’on voit tout le processus de création du poète qui ajoute des strophes à l’encre noir sur le texte initiale rédigé à l’encre turquoise, à noter quelques corrections de mots. Brassens, perfectionniste comme à son habitude, passait un temps considérable à remanier ses textes jusqu’à obtenir la version souhaitée. On constate encore une fois n’est pas coutume, que le poète n’a pas obtenu dans cette version ce que sera la version définitive, des couplets dans cette ébauche n’ont pas été retenus dans la chanson finale, ainsi que des vers qui ont été remaniés.
« Sauf dans le cas fréquent hélas
Où ce sont de vrais dégueulasses
On ne devrait perdre jamais
Jamais ses père et mère mais
En dehors du petit matin
Qui meurt avant d’être orphelin
Et de l’infortuné batard
On les enterre tôt ou tard
Si tu dois perdre tes parents
Petit n’attend pas d’être grand
[1/ Cause première qui n’est pas
Plus de maman que de papa
Du haut du céleste parvi
Dieu semble être d’un autre avis]
[Ses père et mère bien sûr mais
Au moins d’être un petit malin
Ou un infortuné d’abord
Car c’est fâcheux mais
On ne plaint pas du
Tout les vieux orphelins
Car ne profitent pas]
Quand se drapant dans un linceul
Les parents le laissent tout seul
Le petit orphelin ma foi
Est bien à plaindre toutefois
Sans aller jusqu’à décréter
Qu’il devient un enfant gâté
Disons que dans son affliction
Il trouve des compensations
D’abord au dessert aussitôt
La meilleure part du gâteau
Et puis plus d’école pardi
La semaine aux quatre jeudis
On le traite comme un pacha
A sa place on fouette le chat
Et le trouvant très chic en deuil
Les filles lui font des clins d’œil
Il serait pas trop sanguin
D’emmener par le menu
Les faveurs et les passe droits
Qu’en l’occurrence on lui octroye
Tirant même un bel bénéfice
En perdant leurs parents des fils
Dénaturés déplorant de
N’en avoir à perdre que deux
[Orphelins d’âge canonique
Tardif,
L’orphelin de la douzième heure
Car dans ce monde ironique
L’orphelin d’âge canonique
Lorsque ses père et mère
Merci
D’orphelin de la douzième heure]
Moi quand les auteurs de mes jours
S’en furent au sombre séjour
Je demandais pas qu’on m’offrit
Des joujoux et des sucreries
Mais encore je ne sais pas
Une pipe un pot de tabac
[Car si tes père et mère meurent
Quand tu as l’âge canonique
Ces gens te traitent ironie
D’orphelin]
Et même devant le caveau
Me voyant bramer comme un veau
Toutes les larmes de mes yeux
De très respectables messieurs
Sont venus me dire tout bas
A votre âge on ne pleure pas
La voisine ses faveurs. Je lui ai demandé de
M’accorder ses faveurs pour me consoler je n’ai plus
Ni papa ni maman
1 Orphelin fout moi le camp 2 ma crié ma voisine
Tomba dans les bras d’un type qui ne l’était pas
M’a traité mauvaise humeur
D’orphelin de la douzième heure
Hier j’ai dit à un animal
De flic qui me voulait du mal
Je suis orphelin savez vous
Il m’a répondu je m’en fous
Si j’avais eu trente ans de moins
Je suis sûr que par les témoins
La tombe aurait été mouchée
Mais ces lâches n’ont pas touché
Celui la qu’a fait cette chanson
A voulu dire à sa façon
Que la perte des vieux est par
Fois perte sèche blague à part
Avec l’âge c’est bien normal
Les plaies du cœur se ferment mal
Souvent fois même salut
Elles ne se referment plus
Et pour tout le monde demeurent
Orphelins de la onzième heure
Je luis dis je suis orphelin
Et je viens pour faire câlin
Ma belle dit de mauvaise humeur
Si tu dois perdre tes parents
Petit n’attend pas d’être grand
Les orphelins quand ils sont vieux
Nul ne les prend très au sérieux
Et pour tout le monde ils demeurent
Des orphelins d’la onzième heure »







