Georges CLEMENCEAU – Lettre autographe signée – Affaire Dreyfus

Georges CLEMENCEAU (1841 – 1929), journaliste et homme d’Etat français. Dans cette lettre Clemenceau rappelle le rôle essentiel tenu par le colonel Picquart dans l’affaire Dreyfus, qui grâce à son courage et à sa perspicacité, sut révéler aux juges l’implication formelle du commandant Esterhazy dans la diffusion d’information à l’ennemi et de fait prouver l’innocence avérer du capitaine Dreyfus alors condamné au bagne sur l’île du diable.

Description

Lettre autographe signée au colonel Michel Alexandre Gaston Tournier. Paris, 2 février 1902 ; 3 pages in-8°.

Belle et riche lettre de Clemenceau rappelant le rôle essentiel tenu par le colonel Picquart dans l’affaire Dreyfus et dévoilant son amour de la campagne et son attachement à ses racines vendéennes : « Mon cher colonel, Je suis heureux que mes efforts n’aient pas été vains. Mais pour rendre hommage ; qui de droit, je tiens à vous dire que j’ai eu le colonel Picquart pour bon auxiliaire. Si vous lui envoyez votre carte avec un mot de remerciement – ce à quoi il ne s’attend pas du tout – je suis sûr que vous lui ferez plaisir. Vos deux histoires sont excellentes. Je suis particulièrement heureux de ce que vous me dites de votre éducation chez les « Bons Pères », car cela vient à l’appui de la thèse de liberté que j’ai toujours défendue. Ne vous étonnez pas que j’aie « le sentiment de la nature ». Je suis un paysan. Le champ n’eut été de tout temps un précieux refuge. C’est aux champs que j’espère mourir. En attendant, travaillons, comme disait un sage… »

Le colonel Picquart est nommé à la section statistique, les services de renseignements militaires, en 1895. Le capitaine Dreyfus, dégradé, a été condamné au bagne pour intelligence avec l’ennemi en 1894. Le colonel Picquart découvre dans une corbeille à papier un télégramme rédigé par le commandant Esterhazy dont l’écriture est similaire à la lettre accusant Dreyfus. Il en averti sa hiérarchie mais cette révélation dérange, il se voit muté en Tunisie. En 1898, de retour en France, il est traduit devant un conseil d’enquête qui le réforme pour faute grave, accusé d’avoir fabriqué la preuve mettant en cause Esterhazy. Il est emprisonné pendant près d’un an. Mais du côté des Dreyfusard il est vu comme un héros. Après l’arrêt de la Cour de cassation annulant le premier jugement, Dreyfus est rapatrié de Cayennes pour être jugé par un second conseil de guerre. Le procès public débute le 7 août 1899. Il est à nouveau jugé coupable mais la peine est réduite à dix de détention. Mathieu Dreyfus convainc son frère de demander un recours en grâce au lieu d’un pourvoi en cassation risqué. Émile Loubet, président de la république, gracie Alfred Dreyfus. Il est réhabilité avec le colonel Picquart par la cour de cassation que le 12 juillet 1906. A la suite du procès, Clemenceau, alors président du Conseil, nomme Picquart ministre de la guerre.