Description
Lettre autographe signée au journaliste, critique d’art et conservateur Raymond Escholier. Saint-Gaudens, 12 juillet 1940 ; 2 pages in-4°, accompagnée de son enveloppe.
Belle lettre du peintre durant la guerre, alors réfugié à Mirepoix suite à l’invasion italienne par les Pyrénées, s’échinant à trouver une solution pour mettre en sécurité ses tableaux laissés à Paris : « Sachant que vous étiez dans l’Ariège, vous me l’avez écrit, j’ai essayé de vous joindre ; ne me souvenant pas de votre adresse, j’ai été à tatons. Je ne sais pas où j’y suis arrivé. Est-ce par St Girons, où je vous ai envoyé une lettre par l’intermédiaire du commissaire de police ou bien, est-ce par Pamiers où je vous ai envoyé à tout hasard un télégramme. Comme Mirepoix est plus près de Pamiers que St Girons, je crois que c’est ce télégramme qui vous a touché. Je suis échappé de St-Jean de Luz, où je pensais être tranquille. J’y avais emporté pas mal d’affaires pour un séjour important et je m’y étais fait envoyé de Nice à la déclaration de la guerre des Italiens un torse grec de belle qualité. A l’occupation des B. Pyrénées j’ai filé vivement en emportant ce que j’avais. Je suis à St-Gaudens bloqué, attendant la reprise des communications ferroviaires pour retourner à Nice. Je voudrais bien ne pas y rapporter le torse grec et le laisser, en attendant la vraie paix, en sureté quelque part par ici, où l’on est loin des Italiens. N’avez-vous pas les tableaux du Petit Palais ? Ne pouvez vous pas y joindre ma caisse qui est de 1 m x 50 c x 50 c. L’idée m’en est venue parce que le Directeur des Beaux arts m’a fait proposée en septembre de me mettre en sécurité, avec les œuvres du Louvre, deux caisses de mes tableaux. Comme j’avais déjà pris mes précautions, je l’en ai remercié. C’est de là que vient mes audaces. Si toutefois cette idée vous paraissait impossible ne pourriez-vous pas m’indiquer où je pourrais déposer cette caisse par ici. Au reçu de votre télégramme j’ai sauté sur la carte et j’ai vu que Mirepoix est à 100 km environ d’ici. C’est pourquoi (…) faute d’essence, je vous écris au lieu d’aller vous voir. J’espère que vous êtes relativement tranquille, que la catastrophe qui nous étreint tous, ne vous a pas touché personnellement, que votre fils est en bonne santé ainsi que Madame Escholier. Vous me ferez grand plaisir en m’écrivant (…) »