François MITTERRAND – Lettre autographe signée

François MITTERRAND (1916 – 1996), homme d’état, président de la république française. Marie-Louise Terrasse, qui n’est pas encore la fameuse speakerine, Catherine Langeais, rencontre François Mitterrand le 28 janvier 1938, lors du bal de l’école normale supérieure. Elle n’a que 14 ans mais le coup de foudre est immédiat malgré la différence d’âge, Mitterrand est de 7 ans son aîné. Ils décident de se fiancer.

Description

Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais. (Fort d’Ivry), 17 novembre 1938 ; 2 pages in-4°.

Belle lettre du jeune bidasse au Fort d’Ivry, qui philosophe avec délectation, sur sa passion amoureuse : « Ma petite fille bien-aimée, Comme hier, je vous écris à treize heures. Et même scénario : tout à l’heure il va me falloir descendre quatre à quatre que l’escalier que tant de clous ont martelé ! Hier soir, vous étiez contre moi, et je pouvais vous exprimer mon amour (jamais assez bien). Et chaque fois que je vous quitte, je pense « jamais je ne pourrai l’aimer d’avantage ». Et pourtant j’ai l’impression de vous aimer toujours d’avantage. Cela tient sans doute au fait que nous nous connaissons chaque jour mieux : terrible épreuve, dont nous sortons plus surs de nous, avec la certitude d’un amour indestructible. Ma toute petite fille très chérie, comment comprendre ce hasard qui nous fit rencontrer un soir de bal, et qui nous fit aimer dès la première fois ! Et surtout comment comprendre qu’un amour né sans autre fondement qu’une impression ait pu s’avérer durable, ait pu résister à une connaissance approfondie ? Oh ma très chérie, comme je vous aime de ne pas m’avoir déçu ! Comme je vous aime de me découvrir ainsi votre âme toute neuve, de me donner tout ce que l’on ne donne qu’une seule fois de toutes ses forces, avec toute sa volonté de vivre. Je vois que la force d’aimer s’use comme tout le reste quand on l’abandonne à tous vents ! Mais je la vois plus solide que le temps quand on la donne de tout son être, sans restrictions, seul compte l’absolu, et seul l’absolu peut offrir le bonheur. Parce que je vous aime totalement, avec l’adhésion absolue de mon être, je sais maintenant ce qu’est le bonheur. La vie pourrait m’être hostile et ne me laisser que des déceptions je serais encore plus fort qu’elle car je vous ai : le reste ne signifie plus rien. Ma bien-aimée, comme nous devrons vivre avec attention ! Nous devrons rejeter sans hésiter tout ce qui pourra nous diviser : notre amour est désormais notre bonheur. Tout ce qui s’acharnera contre nous deux, qui avons tout puisque nous nous aimons, nous devrons l’écraser sans faiblesse. Ma Marie-Louise, je t’adore. Je sais que tu m’aimes, et je suis heureux pour toi. Tu sais que je ferais tout pour toi, tout. Ce soir je te verrai. Je ne penserai plus qu’à cela, d’ici là, et quand je tiendrai ton visage tu sauras la vérité de mon amour. Et maintenant je vais prendre mon fusil. Cet après-midi, tir, à cinq heures : hop là ! Je passe le poste, et vais retrouver celle que j’aime. Je serai mal rasé : pourquoi, aussi perdre tout ce temps, à vous écrire Mademoiselle ma chérie ? Pourquoi ! Parce que je t’aime plus que tout au monde. François »

Catherine Langeais (1923 – 1998), née Marie-Louise Terrasse, speakerine la plus populaire de la télévision française de 1949 à 1975, rencontre François Mitterrand le 28 janvier 1938, lors du bal de l’école normale supérieure, alors qu’elle n’a que 14 ans. Le coup de foudre est immédiat, mais malgré la différence d’âge, Mitterrand est de 7 ans son aîné, ils décident de se fiancer. Le service militaire au Fort d’Ivry, puis la guerre mettent de la distance, pour autant, Mitterrand écrit plus de 200 lettres passionnées à sa chère Zou. Loin des yeux loin du cœur, leur amour s’étiole malgré les 80 lettres envoyées par son fiancé désemparé. Le cœur de Marie-Louise s’embrase pour un comte polonais qu’elle finira par épouser, Mitterrand, quant à lui, convolera en 1944 avec la jeune résistante Danielle Gouze, rencontrée pendant la guerre