Description
Lettre autographe signée « ta puce » à Yves MONTAND. Bruxelles, 12 octobre 1945; 2 pages in-4°.
Superbe lettre de l’éternelle amoureuse qui chanta l’amour comme personne, où se révèle, derrière l’exigence apporté à ses tournées musicales, une femme fragile qui ne vit que pour l’amour absolu : « Mon Titou titou a moi toute seule, Et bien tu avais vu ses débuts minables, ça je me doutais, les affiches sont arrivées ce matin et rien dans les journaux, total et résultat trois cents personnes dans un salle de quinze cents, effroyable comme impression, puis pour tout arranger la ville est flamande et ne parle pas du tout le français, je les retiens les derniers contrats de Madame Bigard, heureusement que c’est le dernier, tu te rends compte, dans la Belgique je refusai du monde partout, je suis démoralisé complètement Claude Briac est arrivé ce matin, ça m’a fait plaisir de le voir puisqu’il m’apportait de tes nouvelles, sur le moment je pensais qu’il m’apportait une lettre de toi mais tu sais, j’ai toujours beaucoup d’imagination, et puis c’est long une lettre, il faut s’installer a une table prendre du papier un porte plume et surtout avoir envie d’écrire, en quelques mots penser à la personne a qui l’on doit écrire, à ce propos j’ai fait un rêve curieux et horrible, nous étions séparé par un torrent qui déferlait en vagues monstrueuses, je tendais les bras vers toi et chose curieuse le torrent était composé de boue et de vagues en argent et toi tu riais en plongeant tes mains qui devenait énormes devant moi dans l’argent du torrent et tu m’éclaboussait de boue, enfin comme tu le vois, j’ai un très bon moral. Et pour tout arranger, une seule lettre de toi ! J’essairai de t’avoir au téléphone ce soir, en entendant ta voix ça ira peut être mieux. Je terminerai ma lettre ce soir, enfin je veux dire demain soir mais pour moi c’est ce soir puisqu’il est une heure, j’ai évidemment anulé la communication que j’ai demandé a minuit car ils m’ont répondu qu’il fallait quatre heures alors je te téléphonerai demain, mais réflextions faites je vais terminer ma lettre aujourd’hui en essayant d’être moins amère et moins triste. Je relis ma lettre et je m’apperçois qu’elle ne tient pas debout, quelle est aussi folle que moi. Enfin le principal pour le moment c’est que ça marche très fort pour toi, je pense que c’est la dernière blague qui m’arrive. Demain nous allons à Anvers et la il parrait que ce sera formidable, que la publicité est extraordinaire, on verra, je ne te parle pas de l’orchestre qui avait oublié ses orchestrations, bref ne parlons plus de cela. M’aimes tu toujours ? Dis le moi mieux, j’ai la nette impression que je te perds, de toute façon parle moi franchement quoiqu’il arrive, je ne veux pas que notre amour soit basé sur de la reconnaissance ou de la pitié car je t’aime tant mon tout petit grand, ta puce qui est toute triste et toute désemparé ! Bise partout partout..…»
Beau témoignage de cet amour passionnel entre la glorieuse Edith Piaf et le jeune et beau débutant Yves Montand, qui assurait les premières parties de Piaf au Moulin Rouge. Cette liaison dura deux ans, de 1944 à 1946. Edith Piaf y mit un terme brutal mais le malheureux Yves Montand eut du mal à s’en remettre : « Elle chantait formidablement bien quand elle était amoureuse et formidablement bien lorsqu’elle était en rupture ».
